Les lauréats "Disséminés", un an après (3/3): FUACE - Moyen-Orient

Rencontrez Mira G. Neaimeh, secrétaire exécutive et directrice de programme pour la section Moyen-Orient de la Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d’Etudiants.

Bonjour Mira ! Parlez-nous un peu de vous et de votre institution, la section pour le Moyen-Orient de la Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d’Etudiants (FUACE-MO).

Bonjour ! Je suis membre de longue date de la FUACE, et notamment de sa section du Moyen-Orient (Liban, Palestine, Egypte, Irak, Jordanie, Nord-Soudan, Syrie…), dont je suis la secrétaire exécutive depuis 2018. J’y suis venue par le biais du Mouvement de la jeunesse orthodoxe, dont j’étais membre, et qui m’avait envoyée de 2013 à 2017 comme mandataire au sein du comité régional de la FUACE-MO. Mon travail consiste donc, parmi beaucoup de choses, à développer et entretenir des connexions internationales entre jeunes chrétiens, et à être leur porte-parole au sein de différentes institutions, comme le Conseil Œcuménique des Eglises que vous connaissez bien à Genève.

La FUACE est oecuménique et accueille des milliers d’étudiantes et étudiants de différentes traditions chrétiennes. Sa branche du Moyen-Orient a été créée en 1962 pour offrir un lieu de rencontre et de dialogue aux jeunes chrétiens âgés de 18 à 35 ans, issus de différentes églises et dénominations.

Grâce à nous, ils peuvent se réunir, dialoguer, partager et grandir ensemble spirituellement, émotionnellement et intellectuellement. La FUACE-ME est fière d’avoir joué un rôle important dans la formation du Conseil des Eglises du Moyen-Orient (MECC) en 1974 : les jeunes, par le biais de programmes de leadership qui les responsabilisent et les poussent à agir et repousser certaines frontières, ont ainsi changé le cours de la vie oecuménique dans notre région. Nous vivons notre mission comme un véritable témoignage de notre foi en Jésus-Christ. Nous nous inscrivons dans un temps long, en gardant à l’esprit que l’histoire de l’Eglise universelle est un appel permanent de l’Esprit Saint à vivre et travailler pour la Gloire de Dieu. La collaboration inter-églises nous paraît alors une évidence, et doit permettre de porter haut les valeurs chrétiennes fondamentales d’amour, de paix, de justice et d’harmonie.

La FUACE-MO a donc une voix prophétique, alors que de nombreux jeunes chrétiens, qu’ils soient orthodoxes, catholiques ou protestants, vivent dans un contexte moyen-oriental marqué par des réalités difficiles. Elle a développé pour eux de nombreux programmes de formation au leadership, qui leur permettent d’analyser, de réfléchir et de dialoguer ensemble. Avec des outils très concrets, ils apprennent beaucoup et développent leurs compétences par la pensée critique et l’action constructive.

Pouvez-vous décrire le projet qui a été soutenu par la SGPD ?

Le programme de formation au leadership de la FUACE-MO est un programme régional, né en 1975 à Ayia Napa à Chypre, lorsque la FUACE-MO s’est penchée sur la question de la compréhension mutuelle entre chrétiens et musulmans. Au fil de plusieurs décennies, ce projet s’est transformé en une conférence annuelle visant à former et encourager des jeunes leaders à témoigner de leur foi dans l’Eglise et dans la société. Je reviens moi-même d’Irak, où je suis allée diriger une session de formation auprès d’une cinquantaine de jeunes hommes et femmes originaires de Bagdad et Erbil. Cela a été rendu possible par la générosité de la SGPD !

Un accent particulier est d’ailleurs mis sur les pays qui ont des besoins spécifiques comme l’Irak, mais aussi le Soudan, la Palestine ou la Syrie, ainsi que sur des sujets d’intérêt commun et de grande importance. Des conférences de formation spécifiques sont organisées pour les jeunes de ces pays, qui viendront élargir la famille de la FUACE-MO. Ce programme est devenu une plateforme importante permettant aux jeunes de partager leurs luttes et leurs aspirations dans leur vie quotidienne, et de développer leur perspective unique sur l’oecuménisme, la justice sociale et la paix.

Qu’est-ce que les participants ont appris de ce programme ? Un moment marquant ou une leçon ?

Les participants ont pu :

• Développer des relations durables entre les jeunes des pays du Moyen-Orient.

• Développer des compétences de leadership, par le biais d’une approche participative, en commençant par la planification, la mise en oeuvre, le contrôle et l’évaluation de projets, ainsi que leur suivi.

• Former et responsabiliser les jeunes leaders qui remodèleront leurs communautés afin qu’elles puissent promouvoir la justice et la paix, protéger les droits de chacun et offrir une véritable égalité des chances pour tous.

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

Nos principaux objectifs pour les jeunes sont les suivants :

• Les appeler à la foi en Dieu - Père, Fils et Saint-Esprit - selon les Écritures et à la vie de disciple dans le cadre de la vie et de la mission de l’Église.

• Les aider à grandir dans la foi et la vie chrétienne par la prière, les études bibliques et la participation au culte et au témoignage de l’Église.

• Les aider à témoigner de Jésus-Christ dans la communauté universitaire.

• Les amener à être en communion les uns avec les autres dans un service mutuel et à soutenir les efforts visant à répondre aux besoins de tous les étudiants.

• Les aider à lutter pour la paix et la justice dans et entre les nations

• Les aider à travailler à la manifestation de l’unité de l’Église.

• Les aider à être des serviteurs et des messagers du royaume de Dieu dans le monde entier.

Pour cela, et à la lumière de la situation actuelle au Moyen-Orient, la FUACE-MO vise à :

• Soutenir la jeunesse par le biais des mouvements locaux d’étudiants chrétiens dans chaque pays dans leur travail de proximité.

• Fournir le matériel nécessaire pour que les jeunes puissent mener leur ministère.

• Collecter des fonds pour soutenir les programmes locaux.

Que vous inspire cette solidarité qui vous lie à notre société historique genevoise active depuis 178 ans ?

Elle m’inspire à rester fidèle à notre mission et à notre vision, et à essayer autant que possible, par notre travail, de promouvoir nos objectifs communs.

Le Liban a connu une situation particulièrement terrible en 2020, avec la crise sanitaire liée au COVID mais aussi avec l’explosion qui a eu lieu à Beyrouth en août. Quelle est la situation sur le terrain ? Quels sont les besoins ?

La situation est vraiment terrible, avec la crise politique, humanitaire et financière actuelle. Les gens n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins les plus essentiels : médicaments, carburant, nourriture, frais de scolarité… Nos jeunes ont besoin de beaucoup de choses que nous ne sommes pas en mesure de leur fournir, comme du matériel pour leurs études (ordinateurs, tablettes…), mais aussi des lieux de rencontre car beaucoup d’entre eux, comme des églises, ont été partiellement ou totalement détruits.

Merci Mira pour vos réponses.

Je reviens moi-même d’Irak, où je suis allée diriger une session de formation auprès d’une cinquantaine de jeunes hommes et femmes originaires de Bagdad et Erbil. Cela a été rendu possible par la générosité de la SGPD !
— Mira G. Neaimeh,secrétaire exécutive et directrice de programme pour la FUACE-MO.
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